Mes chers amis,
Je vous fais parvenir cette lettre circulaire afin de reprendre contact avec tout le monde et donner de nos nouvelles.
Nous voilà donc enfin libérés et grâce à Dieu sans grand dommage, nous n'avons à peu près aucune destruction et tout le monde est en bonne santé, sorti indemne après avoir passé quelques jours dans l'angoisse.
Bien entendu pas de nouvelles de ceux qui sont en Allemagne mais ils ne sauraient tarder à revenir. Espérons tous sains et saufs et en bon état. Avec l'aide de quelques-uns nous commençons à nettoyer et remettre en état les Ateliers et le matériel.
L'entretien et les charrons qui peuvent bricoler sans électricité ont commencé à travailler. Dès que le courant électrique sera revenu, j'espère pouvoir recommencer avec tout le monde.
D'après les renseignements que je possède, iI faut attendre encore une dizaine de jours, ce serait donc pour le 18 septembre environ.
Dès que j'aurais des renseignements précis, je ne manquerai pas de vous le faire savoir afin que chacun puisse reprendre sa place le plus rapidement possible. Bien entendu y compris ceux qui, depuis un
certain temps, avaient été obligés de disparaître.
En ce qui concerne la paye et les indemnités pour pertes de salaire, j'ai fait le nécessaire auprès de l'administration pour que chacun touche le plus possible selon les lois en vigueur. Je crains que ce ne soit assez maigre et environ moitié du salaire normal, mais avant de toucher, il faudra sans nul doute pas mal de formalités et du temps.
En attendant, il vous faut bien vivre : que ceux qui ont besoin d'argent viennent me voir, je leur ferai les avances nécessaires, ne pas se gêner. D'autre part, nous faisons les comptes au 1er septembre. Que chacun passe prendre son enveloppe à l'occasion à partir du lundi 11 septembre.
C'est pourquoi je cherche à faire travailler le plus de monde possible. J'aurai, au besoin, quelques travaux de terrassement à faire pour ceux qui n'ont aucune occupation.
Ceux qui désirent des renseignements ou éclaircissements supplémentaires viennent me voir.
À tous meilleurs sentiments et à bientôt.
G. Bataille.