1976-1977 :
Des années sous le signe des Pouvoirs Publics.
L'accord entre Poclain et Case-Tenneco et le projet SONACOME obligea l'entreprise à de nombreuses relations avec les Pouvoirs Publics français. Des réunions des échanges épistolaires, téléphoniques se succédèrent au niveau des Ministères durant les annéés 1976 et 1977. Dans ces deux dossiers, l'Administration joua un rôle déterminant pour l'orientation du futur de Poclain.
Révélateur de cet état de fait, l'historique des négociations entre Poclain et la SONACOME, les Ministères concernés, les banques et une grande société nationalisée donne une idée des difficultés rencontrées.
Tout commence, en fait, 4 ans plus tôt. En avril 1972, la société Nationale de Constructions Mécaniques (SONACOME) lance un appel d'offre international pour la construction, « produits en main », d'un complexe industriel destiné à la fabrication d'une gamme complète d'engins de travaux publics et de manutention. Poclain, ne pouvant offrir qu'une gamme de pelles et de chargeurs, négocie des accords de partenariat et fait une première offre en février 1974. En mai 1974, la SONACOME décide d'éclater le complexe en unités distinctes. À partir de cette date, Poclain concentre son offre sur un complexe « Pelles-Grues » et soumet quatre offres consécutives en octobre 1974, février 1975, octobre 1975 et novembre 1976. Cette dernière proposition prévoit la construction d'un complexe de 104 000 m2 capable de produire annuellement 700 pelles hydrauliques et 300 grues mobiles et employant 2 000 personnes. Cette offre porte sur un montant de 1,2 milliard de francs pour la partie « clés en main » et 360 millions pour la partie formation et assistance.
En juin 1976, les contacts s'accélèrent. Il apparaît, à l'évidence, que les algériens veulent prendre une décision rapidement. Convaincus techniquement par Poclain, ils attendent désormais des propositions financières fermes. Malheureusement, les réticences des Pouvoirs Publics qui ne veulent pas financer l'Algérie font échouer les dernières négociations. Et le 10 décembre 1976, après plus de quatre ans d'effort, le Premier Ministre Raymond Barre pouvait téléphoner en ces termes à Pierre Bataille : « Nous sommes désolés pour votre société et pour le pays »... Poclain venait de perdre, au profit de son principal concurrent allemand, Liebherr, un contrat de 1,6 milliard de francs (dont 15 % d'accompte) qui aurait dégagé, au cours des six années suivantes, un chiffre d'affaires moyen de 100 millions par an et aurait créé, pour Poclain, des emplois variant selon les années entre 400 et 700 personnes. Ceci sans compter les retombées pour les industries françaises de la mécanique. Entre décembre 1972 et décembre 1976, Poclain a dépensé, pour la mise au point de l'offre, près de 7 millions de francs.
Commençant l'année 1977 sous les mêmes auspices, M. d'Ornano écrit le 10 janvier à Pierre Bataille au sujet de l'accord Case-Poclain : « ...pas d'opposition de principe à une solution du problème de votre entreprise incluant une prise de participation minoritaire (de l'ordre de 40 %) d'un partenaire étranger professionnel du secteur MTPS, sous réserves d'un certain nombre de conditions industrielles. »