Les débuts sont difficiles. D'autant plus difficiles que Georges Bataille allonge encore ses journées en s'occupant de la distillerie. Si l'industriel perce sous le fermier, la grande obsession de ce jeune homme plutôt petit, au verbe franc et énergique demeure la motorisation agricole. Dans la famille Bataille, c'est presque une tradition. Avant lui, son grand-père avait créé en 1875 l'une des premières sociétés d'exploitation de labourage à vapeur. Quarante cinq ans plus tard, malgré cette initiative, les habitudes n'ont guère changé : le cheval, la fourche et la roue cerclée sont toujours aussi nombreux. Dans l'Oise et plus généralement dans les campagnes françaises, les tracteurs restent rares et ceux qui existent pas toujours faciles à faire fonctionner. Et pour cause. Ce sont, pour la plupart, des monocylindres qu'il faut réaléser tous les ans, des machines souvent plus capricieuses que des percherons. Mieux vaut être bon mécanicien et l'hiver, ne pas hésiter à mettre sous le moteur une botte de paille enflammée pour réchauffer le diesel. Georges Bataille connaît ces inconvénients mais il y croit. Les choses alors s'enchaînent. À force de réparer et de faire réparer le Mercedes-Benz de la ferme, Georges Bataille finit par s'associer avec un mécanicien, Antoine Léger. La société « Bataille et Léger » est créée le 1er mai 1927 et l'atelier installé à Lagny-le-Sec. Réparations de voitures et de tracteurs, fabrications de quelques équipements de machines agricoles, vente de carburant, les activités de cette association dureront jusqu'à la mort d'Antoine Léger en 1929. Georges Bataille reprend ensuite seul l'atelier et l'installe au Plessis-Belleville, dans un bâtiment en face de la ferme. Et le 12 décembre 1930, la société change de forme et devient une entreprise personnelle sous le nom « Ateliers de Poclain ».